Le monde au bout de mes doigts, dans l’espace morcelé, je reçois le contenu de petites capsules. Elles ont parcouru la terre, comme les frêles particules qui explosent dans le temps et déforment l’avenir.
Je n’ai plus qu’à effleurer d’un geste sûr, en comprimant la main, poussant, l’index agile, flexible, polyvalent, « Clic » ! C’est là l’aboutissement d’une technique du corps développée jusqu’à son achèvement le plus parfait, la puissance d’agir de tout un être, contenue sous l’ongle pour exploser au moindre frémissement.
« Clic clic » et me voici devant de bien curieuses boutures, celles de chiffres enfermés dans un amas de cases. J’oublie tout, aussi bien mes drôles d’introspections, car il m’est peu utile d’affiner ma raison, quand je constate enfin que pour toute une vie, j’aurai de quoi laisser mon cerveau endormi.
Ce jour-là pourtant, j’aurais aimé – je crois – entendre du Baudelaire, m’épancher sur le rythme des rimes d’Apollinaire, écrire des poèmes, apprendre la musique, analyser des films sans percer leurs mystères et finir par en faire pour ne plus en parler. Mais il faut cent fois mieux avoir sur son CV, la passion sans limites pour les tableaux croisés.